Par Vincent Fontana
Mémoires de la désindustrialisation du Nord-vaudois
En partenariat avec la plateforme notreHistoire.ch, le Musée d’Yverdon et région lance une collecte de photographies, d’iconographies, d’objets et de témoignages en lien avec la crise industrielle des années 1970. « Capitale industrielle » du Nord-vaudois pendant les Trente Glorieuses (1945-1975), Yverdon est frappée de plein fouet par la crise pétrolière de 1973 et la profonde récession qui s’ensuit. En quelques décennies, les plus grands employeurs industriels de la cité, qui ont fortement contribué à son développement économique, urbanistique et démographique, ferment leurs portes.
Jusqu’au début des années des années 1970, la ville d’Yverdon tourne à l’heure du travail en usine, qui concerne plus de la moitié de la population active. Ouvriers, cadres ou patrons – de même que les commerçants ou restaurateurs – sont impactés par leur fermeture, souvent vécue comme un naufrage collectif. La désindustrialisation est aussi – et d’abord – une expérience subjective : elle se traduit par la perte très concrète et douloureuse d’emplois, de lieux, de pratiques sociales et de savoir-faire professionnels. Comment les Yverdonnois ont-ils vécu cette lente agonie du monde des usines ? Qu’ont-ils emporté lors de la liquidation des ateliers ? Les amitiés, associations ou cercles professionnels ont-ils résisté à la disparition des usines ?
De la liquidation de la fabrique de cigarettes Vauthier en 1975 à celle de l’usine Leclanché en 2020 en passant par celle d’Hermès-Paillard en 1989 : l’histoire de la désindustrialisation du Nord vaudois est celle d’une longue agonie. Ce sont les mémoires multiples de ce long processus que le projet « On ferme ! Raconte-moi ton usine » veut réhabiliter et valoriser.
Le Musée d’Yverdon et région lance un appel aux témoins de cette époque – et à leurs héritiers – pour recueillir des témoignages matériels et immatériels liés à l’industrie yverdonnoise, en vue d’une grande exposition temporaire en 2024 et d’une publication.
La collecte patrimoniale concerne le type de matériel suivant :
- Photographies (privées / amateurs ou commerciale) postérieures à 1960 représentant un lien direct avec l’industrie yverdonnoise : vues de fabriques ou d’usines (en activité ou abandonnée), travailleurs (ouvriers, cadres, patrons), fêtes, manifestations, réunions, etc.
- Objets produits en entreprise, machine-outils, mobiliers d’usine, habits de fonction, etc.
- Archives iconographique d’entreprise (plans d’usine ou de machines, manuels de travail, affiches internes, publicités commerciales, calendriers, etc.)
La collecte de témoignages, anecdotes et récits liés au monde des usines à l’heure de la désindustrialisation sera effectuée sous la forme d’entretiens enregistrés (audio ou vidéo) par l’équipe du musée.
Pour les dons et/ou témoignages, remplir le formulaire de contact ou prendre rendez-vous par téléphone (Corinne Sandoz, conservatrice, 024 423 68 24)